Episode 14 : La belle Charousse

Après une nuit sans bruit dans une luxueuse auberge de Charousse, nous nous réveillons, déjeunons et décidons de partir à la conquête des rues de Charousse. Cette ville est à la fois la plus luxueuse et la plus luxurieuse ville de tout Théa. Les gens y ont une élégance et un raffinement si élevé, qu’Alexei et moi même, pourtant nobles, avons l’air de gueux à côté. Tous ces froufrous, ces apparats, ces grains de beautés, ce teint blême sont tout autant de détails qui font la fierté d’être Montaginois. Je suis vraiment content d’être de retour au pays.
Après s’être promené dans les rues de Charousse, nous laissons Kurt en bonne compagnie dans la maison close la plus en vogue de la ville. Olaf, qui a l’air un peu bougon, part faire ses courses de son côté, tandis qu’Alexei et moi allons du nôtre. Les emplettes terminées, nous retrouvons Maria pour aller ensemble rencontrer l’empereur de Montaigne.
A notre arrivée devant la grille, le garde refuse de nous laisse passer. A cause d’un problème de politique interne, l’empereur ne reçoit personne jusqu’à nouvel ordre, pas même les vainqueurs de l’île de l a Bête. Son supérieur, Jean-Marie de Tréville de Torignon nous apprend qu’il y a eu un « incident », et me remet une carte ensanglantée qui disparaîtra lorsque l’empereur sera en mesure de nous recevoir, une fois l’incident clos.
De retour à notre auberge, nous faisons nos adieux à Maria, je lui offre une magnifique peinture montaginoise, ensanglantée… Olaf et Kurt se rendent ensuite à la guilde des spadassins, pendant que moi et Alexei allons voir les explorateurs et un maître Porté. Les explorateurs nous disent que la « télécommande » de Martin ne leur sera d’aucune utilité, mais que l’empereur sera très intéressé. Nous retrouvons ensuite nos deux compagnons, qui ont acceptés un contrat à 45k guilders : tuer Emeraude, une chef de gang regroupant trafiquants de drogue et assassins, basée à Buche.
Buche est loin de m’être inconnu. Il s’agit du nouveau nom de ma ville natale, Pau. Nous nous y rendons par un portail – Olaf est encore obligé d’endormir notre pauvre Alexei. Je retrouve le chemin de ma maison, mais à ma grande surprise, plus personne n’y habite. Je questionne la voisine, qui m’apprend que mes parents sont partis plus ou moins de force peu après mon départ.
Alors que nous dégustons une cuvée montaginoise dénichée dans la cave de mes parents, Olaf bondi, sort en courant de la maison, et plaque un adolescent à terre. Pedro nous avoue travailler pour le compte d’Emeraude, et me tendant un parchemin me représentant, me dit qu’elle est à ma recherche. Nous pouvons la trouver au « Paradis Perdu », à l’ouest de Buche. Olaf l’assomme puis le ligote, pendant que je vais louer une charrette, dans laquelle Kurt et moi nous dissimulons.
Olaf nous gare dans une petite rue à proximité du « Paradis Perdu ». Et entre en premier accompagné de Kurt. Nous attendons, Alexei et moi, à l’affut de la moindre chose suspecte. Après un bon quart d’heure, nous décidons de rentrer. L’ambiance joviale ne me semble pas hostile à première vue. Mais pas de trace de nos compagnons. Cave ou étage, nous devons choisir. Nous optons pour l’étage.
Nous trouvons Kurt et Olaf en pleine discussion avec une femme, probablement Emeraude. D’autres tables sont occupées par des gens à l’air louche. L’ambiance joviale du rez-de-chaussée s’est transformée en ambiance malfamée typique des trafiquants et autres bandits. Pas de doute, nous sommes sur la bonne piste. Au fond de la salle, une autre femme, aux traits exotiques et armée de 2 sabres tout aussi exotiques se lève dès qu’elle m’aperçoit, et s’avance vers moi.
Olaf saisie la première femme, je pointe mon arme sur sa tempe et ordonne à la femme armée aux sabres de s’arrêter. Emeraude s’arrête et nous invite à passer dans la pièce d’à côté, afin de discuter.
Emeraude me fait savoir qu’elle a effectivement un contrat sur ma tête visant à me surveiller, car je suis une « abomination », j’ai fais quelque chose de grave dont je n’ai aucun souvenirs. Si je veux en savoir plus, elle me conseille – m’ordonne – d’aller au 12 rue des Anges, dans le petit village de Garde sur Chènes. Emeraude étant un Scythe, nous renonçons à notre récompense, et nous mettons en route pour ce village.
Après quelques heures de charrette, nous arrivons en vue d’une grande muraille entourant un village qui semble abandonné. Au lieu de passer la muraille de 3m, Olaf enfonce la porte, et nous nous accroupissons pour passer ce tunnel. L’air y est vicié, pestilentiel, macabre. Des frissons me parcourent le dos. Aux abords des maisons, le sol est jonché de cadavres, visiblement morts violemment. Il fait nettement plus sombre, pourtant, ce n’est que le milieu de l’après-midi. Nous arrivons au numéro 12 de la rue des Anges, qui ressemble plutôt à celle de leurs enveloppes charnelles… La maison ne me dit rien, je n’ai jamais été là. Nous descendons à la cave avec des torches improvisées. De magnifiques vitraux éclairent une scène lugubre, une sorte de prison aménagée, et un puits au fond de la pièce. Olaf se penche : des corps d’enfants à la chair décomposée flottent dans une eau croupie...