Episode 12 : Hors de porté

Nous arrivons au 6ème pilier, qui, comme les précédents, abrite un carnage. Des corps dont il ne reste que les os gisent ça et là. La barrière s’est donc dissipée ici également. En plus des villageois – il ya a moult nourriture dans le hangar – il devait y avoir quelques montaginois qui s’y étaient arrêtés, car nous trouvons des armes, des vêtements, des munitions. Au soleil couchant, notre ami le bûcheron fait des avances à notre chasseuse rousse, mais il faut croire que la magie Synreth est toujours active pour les jeux de cour.
Au petit matin, alors que nos compagnons dorment – je monte la garde avec Kurt – je sens une douleur fulgurante dans mon mollet… Je vois un énorme cobra s’enfuir juste avant de m’évanouir. Quelques instants après, et une opération de mon mollet réussie (merci les sciences ussuriennes), nous partons pour le volcan au nord de l’île, en passant par la tour 5. Nous voulons vérifier ce qu’il est advenu de la Bête aveugle, et si la barrière s’est dissipée. Retardé par Delphine qui montre des signes de fièvre, nous arrivons à la tour 5 : la Bête aveugle ainsi que la barrière se sont dissipées…
A mi-chemin, en plein jungle, Delphine s’évanouit. Nous la portons jusqu’au pied du volcan, une grosse colline de 700m de diamètre, 200m de hauteur et facilement 250m de diamètre pour le trou au milieu de la colline. Je fouille notre rousse et découvre une tique énorme, qui n’aime pas l’alcool, à l’inverse de nous tous. A environ 30m de hauteur, nous traversons l’épais nuage de brume. Ce nuage n’a rien de naturel. Il recouvre toute l’île et s’arrête aux falaises. Seules les colonnes dépassent. C’est une vue très étrange. Nous continuons notre ascension. Delphine reprend des forces petit à petit, portée par les gros bras d’Olaf. Est-ce l’effet des bras musclés ou du soleil ? Arrivés en haut, nous installons un bivouac : nous y sommes à l’abri de bien des créatures, au soleil, et à l’abri de Martin. De plus, nous avons une belle vue sur la mer, et pourrions faire des signes aux navires. D’ailleurs, nous voyons celui de l’Inquisition s’en aller… Pour rien au monde nous ne serions montés avec eux.
Quelques heures après, nous partons en direction du lac. Le trajet se passe sans rencontre, les torches sont vraiment de bonne compagnie. Nous arrivons au bord d’un lac d’environ 500m de diamètre. Mais sa couleur n’a rien d‘un lac normal. On dirait de l’argent. Des milliers de particules argentées. Olaf prend sa gourde vide, la rempli et… ne peut l’enlever de la surface. Ces petites particules semblent liées les unes aux autres. Vide, la gourde peut être récupérer sans problème. Nous essayons moult expériences : objet, insecte, sanglier – que Damien et Olaf sont allés assommer. Les objets coulent puis remontent à la surface, ils flottent. Les organismes vivants coulent également, remontent et se désagrègent, transformés en poussière.
Je tente une nouvelle expérience. Je jette une hache que j’avais précédemment ensanglantée, j’ouvre un portail pour la récupérer, je la prends, et au moment de ressortir, ma main reste bloquée, comme s’il elle était retenue par quelque chose… Dans un effort surhumain (montaginois donc), j’arrive à l’extraire. Je constate que le portail saigne plus que d’ordinaire. Il y a quelque chose de bizarre avec la magie de Porté sur cette île… Comme si elle était bloquée, comme si les portails étaient tous déchirés… Ce qui pourrait expliquer la chimère.
Pendant que je suis tout à mes réflexions, les autres creusent autour du lac et tombent sur une sorte de mur contenant le lac, qui semble porter les mêmes signes que les murs des hangars. Serait-ce Synreth ? Le lac serait-il une matière minérale organique venant des étoiles ? Coupant court à mes pensées, Kurt propose d’aller voir le volcan en activité.
A mi-chemin, en pleine jungle, nous entendons des bruits. Des animaux foncent sur nous. 7 tigres énormes. Mais qu’est ce que 7 tigres face à 6 héros sur leur garde ? Tout se passe si vite que les tigres n’ont pas le temps de réagir. Alexei semble communier avec l’un d’eux, l’arrête, et celui-ci fini par fuir. Olaf jette 2 de ses haches et – ô surprise – 2 tigres tombent. Damien fait retentir 2 coups de feu, l’un mortel, l’autre ne fait malheureusement que blesser l’animal au ventre qui roule et termine sa course sous la troisième hache d’Olaf. Face à ce massacre, les deux derniers tigres s’enfuient, avant même d’avoir levé leurs pattes sur l’un d’entre nous. Nos compagnons barbares (Olaf et Damien) insistent pour traîner 3 carcasses jusqu’au volcan en activité. Quant à moi, je compte mettre la tête du 4ème tigre dans ma poche. Mais alors que je l’ouvre, du sang coule à flot, il se passe visiblement quelque chose d’anormal avec la magie de Porté. A la vue de tout ce sang, Alexei, dont les talents de médecin le perdront, regarde dans ma poche. Il tombe évanouit. Tout s’est passé si vite que je n’ai pas eu le temps de l’avertir : il ne faut jamais regarder dans les portails !
Arrivés au volcan, nous commençons l’ascension. Rien de bien intéressant, si ce n’est toute cette fumée et cette chaleur sortant de ce trou béant dans la colline. Nous retournons au bivouac sans problème. Il va maintenant falloir attendre le prochain navire.